Encore trop peu connue, l’endométriose perturbe pourtant le quotidien et le bien-être d’une femme sur dix aujourd’hui. En tant que maladie gynécologique et chronique, elle est directement liée à l’intimité féminine. Elle peut donc s’immiscer sournoisement dans la vie sexuelle et intime, en bouleversant la relation de couple. Elle peut également bouleverser la façon dont se perçoivent ces femmes souvent incomprises. Dans le domaine de la santé, la communication est importante pour libérer la parole et faire évoluer la médecine. Dans ce cas précis, cela aiderait les patientes à sortir de l’ombre et trouver des solutions à leurs douleurs. À l’approche de la Journée Mondiale organisée par l’association ENDOmind, et parce que tout le monde a droit au plaisir, Sexplorer vous propose un article informatif sur le sujet. En accompagnement : quelques petits conseils érotiques. Alors, parlons endométriose et sexualité.
Qu’est-ce que l’endométriose ?
Principalement associée aux douleurs qu’elle cause, l’endométriose est une maladie chronique et inflammatoire de l’appareil génital féminin. Handicapante pour beaucoup de femmes, elle se définit par la formation de tissu semblable à celui de la muqueuse utérine (aussi appelée endomètre), en dehors de l’utérus. En l’absence de fécondation après l’ovulation, la couche fonctionnelle de l’endomètre se désagrège, provoquant ainsi les règles. Dans le cas de l’endométriose, ces tissus ne sont pas évacués et vont se disséminer dans des zones inhabituelles du corps, telles que les ovaires, les trompes, la vessie, l’intestin, le diaphragme ou le péritoine. Au moment des menstruations, les stimulations hormonales provoquent la prolifération de ces fragments d’endomètre dans les organes voisins. Contrairement à ce que beaucoup de personnes croient, il n’y a pas une mais quatre formes d’endométriose. Et c’est en fonction de celle-ci que la maladie provoquera alors des inflammations, kystes ou résidus cicatriciels responsables des douleurs.
Les symptômes de l’endométriose
L’endométriose est une maladie hormono-dépendante. Autrement dit, elle évolue en fonction des modifications hormonales et de leur cycle qui opère dans le corps de la femme au cours de sa vie. Chaque cas est donc différent. Pour 50 à 91 % des femmes, les douleurs dans les régions pelviennes (bas ventre) et abdominales pendant les règles (dysménorrhée), avec une intensité variante. D’autres symptômes surviennent, et ce même en dehors des règles. On retrouve principalement :
- la dyspareunie (douleurs lors des rapports sexuels avec pénétration),
- des troubles urinaires et digestifs,
- des troubles de la fertilité.
Étroitement liés avec le bien-être intime et la féminité elle-même, ces symptômes peuvent devenir une réelle souffrance au quotidien. Et l’absence de communication sur cette maladie insidieuse n’aide pas, poussant beaucoup de femmes atteintes à s’isoler et subir en silence. L’appréhension de faire l’amour peut engendrer de vraies angoisses et troubles du désir, du côté de la femme comme de celui de son partenaire. Les problèmes de fertilité quant à eux, peuvent porter atteinte à leur propre vision en tant que femme pouvant donner la vie. Ce symptôme n’est cependant pas exclusif à l’endométriose. Il ne faut donc pas hésiter à réaliser un bilan de fertilité si besoin.
Où en sont les recherches en France ?
L’endométriose, c’est environ 2 millions de personnes touchées en France. C’est pourquoi la sensibilisation est importante, notamment pour faire évoluer la recherche. Aujourd’hui, la moyenne de temps pour le diagnostic d’une endométriose est de 7 ans, voire 10 ans. La principale raison étant le manque de connaissances sur cette maladie. La marche mondiale pour l’endométriose organisée chaque année dans de nombreux pays fait partie des luttes à poursuivre. Elle est reprise en France depuis 2016 par l’association ENDOMind, et se planifie en général le dernier samedi de mars. Depuis 2004, la Journée Mondiale contre l’endométriose a été rallongée, pour devenir la semaine européenne de prévention et d’information. Cet évènement réunit depuis ce jour de nombreux médecins, spécialistes et conférenciers spécialisés sur le sujet.
Le 11 janvier 2022, le Président Emmanuel Macron lance une stratégie nationale contre l’endométriose visant à agrandir la recherche sur les mécanismes de la maladie pour mieux les appréhender. Le but étant aussi d’assurer un diagnostic plus rapide, et favoriser l’accès à des soins adéquats. Avec ce plan d’actions, le gouvernement espère informer davantage la société, et créer un « réflexe endométriose » que les femmes pourront prendre afin de trouver des réponses à leurs questions.
Quels sont les traitements disponibles pour faire passer la douleur de l’endométriose ?
À ce jour, aucun traitement curatif n’a été trouvé contre l’endométriose. Heureusement, il existe des méthodes visant à améliorer la qualité de vie des femmes qui en sont atteintes. Ces derniers servent à empêcher les lésions de se développer davantage, et/ou de supprimer les règles. Par exemple la pilule contraceptive, l’implant, ou encore le stérilet hormonal auront pour but de bloquer l’arrivée des règles. Certains cas nécessitent une cure de ménopause artificielle, à envisager en derniers recours en raison des nombreux effets secondaires.
Dans le cas où les traitements médicamenteux ne sont pas efficaces, une chirurgie pratiquée par un spécialiste de la maladie peut être envisagée. Le praticien retire les lésions causées par l’endométriose, dans le but d’éviter une récidive. Cette option est tout de même compliquée et ne peut pas être appliquée à tous les cas. Car parfois, les lésions sont implantées sur des organes fonctionnels tels que la vessie, le rectum, ou le colon.
Il existe des solutions naturelles pour soulager les sensations douloureuses de manière non médicamenteuse, ou en accompagnement d’un traitement. Les massages thérapeutiques, les exercices relaxants, l’acupuncture, l’ostéopathie ainsi que le yoga peuvent être de très bons alliés pour agir sur la douleur. Ils permettront aussi d’aider à la réalisation d’un travail sur son corps et son intimité.
Réconcilier endométriose et sexualité, c’est possible ?
Sur Sexplorer, nous prônons le plaisir pour tous, que ce soit en solo ou en duo. Le bien-être sexuel participe à l’équilibre psychique de chacun, d’où l’importance de ne pas s’oublier, même lorsqu’on est atteinte d’endométriose. Or, entre la pression sociale faisant culpabiliser ces femmes parce qu’elles ne peuvent soit disant pas avoir une activité sexuelle « normale » et les douleurs chroniques, elles ont tendance à balayer tout espoir d’avoir droit au plaisir. Ce type de pensées entraîne une souffrance psychologique importante à ne surtout pas négliger. Commencer par en parler représente déjà un premier pas essentiel, en se confiant à un sexologue ou son/sa partenaire par exemple. Communiquer sur ses symptômes, ses ressentis, et ses craintes augmentera les chances de trouver des solutions répondant aux besoins de chacun dans le couple. Le but étant aussi de comprendre l’influence que peut avoir l’endométriose sur la libido et la sexualité, au lieu d’en faire un tabou. Et puis, libérer sa parole auprès d’un professionnel ne peut être que bénéfique. Cela peut paraître comme une évidence, mais prendre soin de sa santé psychologique aide à se sentir mieux dans son corps et son esprit. Le rapport au sexe s’en trouvera alors plus positif.
L’impact de la dyspareunie sur la vie intime et comment la soulager
La dyspareunie profonde est le symptôme qui risque d’avoir le plus de répercussions sur la sexualité et la vie de couple. Il s’agit de la douleur vaginale aiguë ressentie lors de la pénétration, pouvant persister après le rapport. Elle se manifeste dans le cas où l’endométriose est située loin dans le vagin, et provoque des lésions que le corps essaye naturellement de réparer. Ce processus va alors former des tissus rigides, responsables de sensations désagréables pouvant aller jusqu’à l’insoutenable. Pour certaines femmes souffrant de ce symptôme, la pratique du sexe peut devenir un réel traumatisme pouvant mener au vaginisme. Cette peur de la pénétration par appréhension amène la femme à contracter malgré elle le périnée, pour empêcher tout acte sexuel. Une baisse du désir chez la femme peut se manifester, comme des troubles érectiles chez l’homme qui craindra de faire mal à sa partenaire. La relation de couple peut finir par en pâtir.
Selon une étude réalisée par EndoFrance et My S Life, 88 % des 384 femmes interrogées atteintes d’endométriose souffrent de dyspareunie, et 1 sur 2 en viennent à redouter les rapports. Et c’est compréhensible : comment vivre une sexualité épanouie alors qu’on souffre lorsqu’on fait l’amour ? Quelles sont les solutions pour pallier la douleur ?
À ce jour, des méthodes naturelles existent :
- des exercices de relaxation vaginale, accompagnés d’un osthéopathe ou d’un kinésithérapeute,
- les sexothérapies ou thérapies comportementales avec un professionnel spécialisé,
- utiliser des dilatateurs vaginaux de tailles progressives, pour rééduquer le vagin et favoriser la pénétration en douceur.
Mieux vivre sa sexualité avec une endométriose
Le rapport à l’image corporelle chez une femme atteinte d’une endométriose peut être très compliqué. Toujours selon la même étude, 80 % des femmes interrogées considèrent que la maladie a un impact sur la vision qu’elles ont de leur corps. Alors avant de parler sexualité à deux, explorer son corps par la masturbation peut être une méthode douce et un support d’aide pour reconquérir son plaisir. Seule ou à l’aide de jouets coquins soft, s’accorder un moment d’intimité avec soi même en écoutant uniquement ses désirs peut aider à se réconcilier avec son image.
En plus d’être des alliés précieux pour découvrir ou redécouvrir des sensations exquises en solo, les accessoires érotiques adaptés à l’endométriose peuvent aider à se réapproprier le plaisir à deux. Cela tombe bien, nous sommes en pleine ère des sextoys. Petits jouets pénétrants pour ne pas aller trop loin, anneau pénien réducteur à placer sur le pénis pour éviter une pénétration trop profonde… Tant de solutions parmi d’autres. Les stimulateurs clitoridiens peuvent également se joindre à vous sous la couette, pour vous laisser aller entre les mains de votre partenaire. Pour les plus aventureuses, le sexe anal peut aussi être une option, toujours pratiqué dans la confiance et l’écoute de l’autre.
Côté cosmétiques, un lubrifiant à base de silicone est à privilégier chez les femmes atteintes d’endométriose, pour aider à pallier la douleur. En effet, la texture épaisse du gel formera une protection optimale sur les parois vaginales, cette zone sensible qui sera ainsi protégée des frottements lors de la pénétration.
Pour finir, on ne le dira ensuite jamais assez, mais en parler peut aider à débloquer certaines situations. Ne pas hésiter à le dire si une position fait mal, afin de pouvoir l’adapter pour que la satisfaction soit pleinement partagée. De plus, le sexe ne se résume pas à la pénétration. Les préliminaires dont les caresses, le sexe oral, ou encore les massages sensuels peuvent devenir de vraies sources de plaisir pour les deux partenaires. Le corps possède tant de zones érogènes réceptives à différentes stimulations, qu’il serait dommage de ne pas en tirer avantage. Vous avez d’autres conseils plaisir ou des informations intéressantes à partager à ce sujet ? N’hésitez-pas à laisser un commentaire pour nous en faire part.